Avec
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Photographie par Pierre DESCAMP |
Le circuit ouvert a connu un développement
très important dans le monde entier comparé à celui
du recycleur dont les quantités restent confidentielles dans le domaine
sportif. Ce constat explique en partie notre méconnaissance envers
les recycleurs, leur principe de fonctionnement et surtout leur intérêt
dans le cadre d’une pratique sportive. Pourtant, nous en avons tous entendu
parler et nous faisons généralement le parallèle avec
les matériels militaires, connus pour leur discrétion. Concrètement, ils restent bien peu utilisés. Et pourtant, parmi tous les efforts consentis par l’homme pour évoluer comme un poisson, c’est sûrement la technique qui permet de s’en approcher le plus ! Si vous vous intéressez aux recycleurs, votre première démarche sera probablement de consulter la littérature existante. Vous constaterez alors qu’il existe fort peu de documents en français sur le sujet. En revanche, Internet offre comme à son habitude l’accès rapide à un Himalaya d’informations, toutes disséminées aux quatre coins de la planète et quasiment systématiquement en langue anglaise. Nous saluons donc les initiatives françaises en communiquant en annexe la liste des sites qui ont aidé à la réalisation de ce document. Nos collègues italiens, allemands et britanniques ont une avance indiscutable sur l’utilisation de ces matériels. Dès l’après guerre, les catalogues de fabricants comme Cressi proposaient des recycleurs à oxygène comme équipements sportifs ! Par ailleurs, la plongée sportive se développait en France avec le célèbre détendeur Cousteau-Gagnan (1943). Actuellement, le marché de la plongée technique montre un engouement certain pour les recycleurs qui offrent de nouvelles perspectives d’évolution. Dans ce domaine les plongeurs anglais, allemands et italiens semblent avoir conservé leur avance. C’est d’ailleurs dans ces mêmes pays que l’on trouve la plupart des matériels actuellement commercialisés. |
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Mémoire d'Instructeur national Réalisé dans le cadre de
la formation menant à l’Instructeur National F.F.E.S.S.M., l’objet
de ce mémoire est d’aider à une meilleure connaissance de
ces matériels et par conséquence à une meilleure
intégration dans nos cursus de formation. Notre fédération, première organisation de plongée en France, s’inscrit dans l’évolution avec la mise en place d’une qualification pour permettre à ses licenciés de s’initier ou de se perfectionner à la plongée "sans bulle" dans le respect de nos principes fondamentaux : plaisir et sécurité. |
Le recycleur, cette drôle de machine ! Un recycleur est, comme son nom l’indique,
un appareil qui recycle ! Oui, mais quoi au juste ? En fait,
le ou les gaz que nous lui donnons à recycler ! Pour bien
comprendre l’intérêt et le principe de fonctionnement de
ces recycleurs, nous ferons appel un bref instant à vos connaissances
physiologiques. Inspirés de ces constats, les concepteurs de recycleurs proposent des solutions techniques qui répondent toutes aux mêmes difficultés. |
3 difficultés :
Le " recyclage " du
gaz utilisé va permettre de le réutiliser. Nous verrons
plus loin dans quelle mesure. les recycleurs de type circuit fermé les recycleurs de type semi fermé Les exemples qui illustrent ce mémoire sont tous empruntés aux matériels de type loisir, actuellement produits en série et commercialisés. |
La technique commune à tous les recycleurs
Détaillons maintenant les techniques parfois complexes, mais toujours astucieuses, employées pour matérialiser un concept basé sur la simple analyse de notre respiration. 1ère technique commune : la récupération du gaz expiré Respirer dans un recycleur revient finalement à respirer dans un sac ! Pour y parvenir, plusieurs éléments sont nécessaires : ils constituent ce que l’on appelle la boucle respiratoire. Elle est composée de l’embout, des tuyaux annelés, du ou des faux poumons et de l’absorbant de CO2. Il s’agit en fait de l’ensemble des éléments contenant le gaz qui va être respiré par le plongeur. Pour être complet, il convient d’ajouter à ces éléments mécaniques, un élément anatomique d’importance : les poumons du plongeur. les tuyaux annelés
et l’embout : Premiers composants de la boucle, ils permettent de récupérer le gaz qui vient d’être expiré par le plongeur. Aujourd’hui, la plupart des constructeurs s’accordent sur la technique éprouvée d’un tuyau annelé d’inspiration et d’un tuyau annelé d’expiration. La forme modelée (canules) des tuyaux est destinée à prévenir leur écrasement et à permettre les mouvements de la tête. Ils sont montés autour d’un embout équipé de soupapes anti-retour. Elles permettent ainsi une circulation du gaz en sens unique pour ne pas mélanger le gaz chargé de CO2 avec celui qui vient d’en être épuré, après son passage au travers de l’absorbant de CO2. Même si des détrompeurs mécaniques et des repères de couleur sont prévus afin de ne pas se tromper lors du montage après un entretien, une vérification avant la plongée est très fortement conseillée. Un dispositif permet de fermer l’embout de manière à éviter toute entrée d’eau si celui-ci venait à être retiré en immersion. |
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Le ou les faux poumons : Au nombre de 1 ou 2, ils sont connectés aux tuyaux annelés et sont construits dans un matériau souple afin de rendre possible l’inspiration et l’expiration. Faites l’expérience qui consiste à tenter de respirer dans une bouteille en verre et vous comprendrez l’intérêt de les avoir fabriqués dans un matériau souple ! Leur volume doit permettre la plus ample des ventilations. Certains constructeurs proposent plusieurs tailles en fonction de la morphologie du plongeur.
La technique évolue : certains faux poumons sont translucides pour faciliter la maintenance, d’autres pourvus de câbles en spirale (voir ci-dessous) pour éviter qu’ils ne se recroquevillent sur eux-mêmes. Ils constituent une pièce vitale du dispositif et ils doivent être protégés en conséquence par un boîtier rigide ou une enveloppe en tissu résistant. Lorsqu’ils sont placés entre le
tuyau expiratoire et la cartouche absorbant le CO2, ils remplissent
une fonction complémentaire de piège à eau. Ces éléments constituent une " prolongation mécanique " de l’appareil respiratoire. Ils nécessitent d’être régulièrement démontés et désinfectés, surtout si l’appareil est partagé par plusieurs utilisateurs. |
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2ème technique commune
: Il n’existe pas, à ce jour, de
capteurs de CO2 dans les recycleurs. La solution mise en place
vise un seul objectif : nous prémunir du risque hypercapnique.
Souvenons-nous des moyens à la fois basiques et ingénieux
qui ont été mis en oeuvre en urgence dans la capsule d’Apollo
13 pour retenir le CO2 dont la teneur devenait inquiétante :
une couverture de plan de vol, des cartouches d’hydroxyde de lithium,
du ruban adhésif, des pochettes plastiques, et même une chaussette
...
La plupart de ce qui est couramment appelé chaux sodée est en fait un mélange composé d’hydroxyde de sodium (NaOH, à hauteur de 3-4%), d’hydroxyde de Calcium (Ca(OH)2) pour environ 70 à 80%) et d’eau (H2O, de l’ordre de 10 à 20%). Ces produits ont un inconvénient majeur : ils produisent de la soude en présence d’eau ! La littérature emploie le terme de " cocktail caustique " ! Ces éléments chimiques ont
toutefois la particularité de réagir en présence
de gaz acides comme le CO2. La performance de la réaction diminue avec une faible température extérieure. C’est une des raisons pour laquelle il est conseillé de respirer plusieurs minutes dans le recycleur avant son utilisation : on prend ainsi l’habitude de " chauffer sa chaux " pour démarrer la réaction chimique. Il y a ensuite 2 étapes qui s’exécutent
en parallèle :
Un produit de qualité présente
peu ou pas du tout de poussière de chaux. Ces poussières
peuvent pénétrer facilement dans tout le système
(y compris les poumons), colmater les filtres, et mêmes devenir
corrosives avec l’humidité ambiante !
Comme toujours, il ne faut utiliser que
des produits de qualité plongée. Cette durée ne peut pas être
extrapolée si la température de l’eau est plus chaude. Par
contre, si la température de l’eau est plus froide, il faut réduire
le temps d’utilisation. Cette estimation est laissée à la
libre appréciation de l’utilisateur ... Une attention toute particulière
est apportée au suivi de l’utilisation de cette chaux. Tous les
plongeurs qui utilisent un recycleur enregistrent dans leur carnet de
plongée ce temps. |
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la cartouche de l’absorbant de CO2 Quel
que soit le matériau utilisé (PVC, Inox, ...), son rôle
est de contenir l’absorbant et d’optimiser le passage du flux des gaz
au travers de l’absorbant. C’est l’un des éléments majeurs
de la conception des recycleurs. Des différences sont perceptibles
au niveau du flux généré (longitudinal, radial) et
donc du parcours que doit suivre le gaz pour être filtré
de manière optimale. Les conceptions se distinguent également
par leur capacité à conserver la chaleur nécessaire
à la réaction chimique.
La conception de la boucle est importante car elle influe directement sur le travail respiratoire du plongeur. Tous les éléments qui la constituent sont autant d’obstacles à la libre circulation du gaz.
Contrairement au circuit ouvert, il n’y a pas d’asservissement mécanique permettant de faciliter l’inspiration. Ici, ce sont les muscles du plongeur qui doivent produire les efforts pour remplir et vider les faux poumons. Vous l’avez compris, les travaux sous marins et la lutte contre le courant ne constituent pas les terrains de jeux privilégiés des recycleurs. |
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C’est le coeur du système et c’est
ce qui différencie réellement les recycleurs entre eux.
Maintenir un niveau d’oxygène viable dans un recycleur est une
tâche au moins aussi délicate à réaliser que
la fixation chimique du CO2. Le recycleur Oxygène
à circuit fermé : à injection manuelle C’est la technique d’injection la plus simple. Elle consiste à actionner manuellement un levier ou un bouton poussoir afin d’introduire la quantité d’oxygène souhaitée par le plongeur dès que l’inspiration se fait difficile. Difficile l’inspiration ? Précisons qu’en s’immergeant le plongeur éprouve immédiatement le besoin d’injecter du gaz dans les faux poumons qui s’écrasent sous l’effet de l’augmentation de la pression ambiante. Cette situation se renouvelle à chaque augmentation de la pression ambiante. à injection automatique L’évolution technique consiste à remplacer
la valve manuelle par un accessoire de type second étage de détendeur
(auquel on a supprimé la soupape d’expiration). Un levier est actionné
automatiquement lorsque le faux poumon diminue suffisamment de volume.
Les recycleurs oxygène fonctionnent comme leur nom l’indique à
l’oxygène pur. Leur utilisation se trouve donc limitée,
du fait de la toxicité de l’oxygène, à la zone des
6 mètres (ppO2 max. = 1,6 bar). Remarquons qu’il n’y a aucune possibilité pour
connecter un vêtement étanche. Avant la plongée, il est vital de rincer l’air présent dans l’ensemble de la boucle (recycleur et poumons) par de l’oxygène. En effet, le gaz initialement présent dans le recycleur et les poumons du plongeur est de l’air. Vous recyclez donc de l’air qui peut devenir hypoxique bien avant que vous ne ressentiez le besoin d’injecter de l’oxygène ! Certaines Marines recommandent de faire un rinçage complémentaire toutes les 30 minutes pour évacuer l’azote potentiel de la boucle. |
home/wordcom.ch/AHRsuisse-fichestechniques-photos.htm |
Avec une construction basée sur un minimum de pièces mécaniques utilisées, c’est un matériel simple, fiable, facile à mettre en oeuvre et le moins onéreux de tous les recycleurs. Toutefois, il ne demande pas moins de rigueur d’utilisation que ses cousins plus perfectionnés. Ci contre un modèle actuellement fabriqué
par OMG (Italie), qui propose une version loisir et une version professionnelle
ou militaire moins " voyante ". N’oublions pas non plus la famille des LAR " Lung Automatic Regenerator " de Dräger, qui est certainement la plus répandue dans le monde.
Incidences sur la décompression avec les recycleurs fermés oxygène : La décompression est générée
par la quantité de gaz inerte dissoute dans l’organisme et qu’il
faut restituer lors de la remontée afin d’éviter un accident
de décompression. |
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Le Recycleur circuit fermé au mélange (ou
à gestion électronique) : Du fait de la nature du gaz respiré, le recycleur à oxygène pur est limité à l’espace proche. Pour augmenter son espace d’évolution, il est nécessaire de diluer l’oxygène. Plusieurs gaz inertes sont utilisables en tant que diluant et ce, en fonction du besoin et des procédures de décompression à notre disposition :
Par sécurité,
on veillera à disposer d’un diluant respirable à la profondeur
d’évolution. Comment s’y prennent-ils ? Presque " simplement " : pour remplacer uniquement la quantité d’oxygène consommée il suffit de mesurer la fraction d’oxygène dans le système et de la compléter par ajouts successifs d’oxygène jusqu’à atteindre une valeur prédéfinie. Pour mesurer la fraction d’oxygène, on utilise des capteurs qui mesurent en fait la pression partielle (ppO2). Malheureusement, ces capteurs ont une fiabilité limitée dans un environnement humide. La solution de redondance choisie consiste à multiplier le nombre de capteurs. |
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Ces appareils ont la caractéristique de délivrer l’oxygène en maintenant une pression partielle constante d’oxygène. Techniquement, cet ajout se réalise de manière chronométrée à l’aide d’une électrovanne. Ce système "temps réel" permet de réguler la ppO2 à un seuil prédéfini appelé "setpoint". C’est le domaine du " sur mesure " : on travaille uniquement par différence en injectant seulement ce qui manque d’oxygène pour atteindre la valeur programmée. On fabrique le mélange en fonction des besoins et des efforts. De là à dire qu’il s’agit d’une usine à gaz, il n’y a qu’un pas ! En théorie, c’est l’appareil idéal car en maximisant la ppO2 on diminue d’autant les pressions partielles des gaz inertes qui influent sur la décompression. Par contre, la mise en oeuvre est complexe et les solutions utilisées sont peu compatibles avec l’élément liquide : l’électronique et l’électricité (après les appareils photos et les ordinateurs, c’est le tour des recycleurs ...). Mais pour tout ceux qui utilisent ce type de matériel il faut reconnaître que la performance est au rendez-vous et est assez surprenante. l’injection pilotée par électronique : On trouve donc dans ces appareils :
Plusieurs possibilités techniques existent pour injecter l’oxygène. L’exemple que nous détaillons plus loin, le recycleur Inspiration dispose d’une injection réalisée par un solénoïde : c’est une électrovanne pilotée par électronique. Avec ce genre d’appareils on ne se soucie presque plus de la quantité de gaz à notre disposition mais plutôt de la qualité du gaz que l’on respire. Si pour une raison ou une autre, le système injecte trop ou trop peu d’oxygène, c’est l’hyperoxie ou l’hypoxie en perspective ! |
Pour éviter cette situation peu réjouissante, le constructeur a prévu plusieurs alarmes sonores et visuelles mais sa recommandation reste quand même de surveiller sa ppO2 à l’aide des consoles d’affichage 1 fois par minute ! Remarques :
Pour l’Inspiration, il y a 2 seuils (" setpoints ")
programmés par défaut : un setpoint " bas "
(0,7 bar) pour la surface et la descente et un setpoint " haut "
pour le fond (1,3 bar) et la remontée. http://plongeesout.free.fr |
Fonctionnement
L’autonomie : la bouteille d’oxygène fournie avec l’Inspiration est d’une capacité de 3 litres à 200 bars soit 600 litres. En prenant une hypothèse de consommation maximale d’oxygène de l’ordre de 3 litres par minute, nous bénéficions d’une autonomie théorique de 200 minutes (3h20 !) et ce, quelle que soit la profondeur !!!
La consommation d’oxygène est indépendante de la profondeur. En réalité, nous ne pouvons soutenir sous l’eau un effort entraînant une consommation de 3 litres par minute. En se basant sur une consommation plus réaliste de 1,5 litre par minute d’oxygène (voir Annexe 1), l’autonomie atteint 400 minutes, soit plus de 6 heures et demie ! Dans la pratique, comme c’est souvent le cas avec les recycleurs, c’est la capacité et la performance de l’absorbant de CO2 qui limitera la plongée : de l’ordre de 3h00 dans le cas de l’Inspiration. L’autre facteur limitant sera le temps d’exposition à l’oxygène et la toxicité associée. Le diluant n’est pas consommé et est utilisé pour injecter du gaz dans les faux poumons à la descente, pour le gonflage de la combinaison sèche et de la bouée et à différentes opérations comme les " rinçages " de l’unité qui peuvent être effectués pendant la plongée. Pour information, nous consommons environ 30 à 40 bars de cette même bouteille de 3 litres lors d’une plongée ! Incidences sur la décompression avec les recycleurs fermés à gestion électronique : Tous les plongeurs le savent, on ne peut
rester impunément sous l’eau sans avoir à respecter des
paliers. La durée de ces paliers est dépendante du temps
passé en immersion, du gaz respiré et de la profondeur d’immersion.
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L’AUTONOMIE THEORIQUE :
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Nous abordons un autre point important :
ce type de matériel nous ouvre de nouvelles perspectives en matière
d’exploration. Quelles que soient les performances des matériels,
le comportement en plongée doit être guidé par une
seule règle : L’arrêté d’août 2000 prévoit d’embarquer en plongée un circuit ouvert de secours (ou " bailout ") pour les plongées d’évolution qui se déroulent au delà de 40 m. La capacité de ce bailout doit donc être, en toute logique, adaptée à la plongée planifiée. |
Des précisions sur l’oxygène et la ppO2 : Revenons sur la remarque : "si
toutefois la ppO2 était trop importante aucune électronique
ne peut la diminuer. A la descente : on doit injecter du diluant (de l’air dans le cas présent) pour compenser l’écrasement des faux poumons liée à l’augmentation de la pression ambiante. |
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Que
se passe t-il à 10 m ?
Donc ppO2 = 0,7 + 0,21 = 0 ,91 (à 2 bars on a donc un mélange de 0,91 ÷ 2 = 0,455 soit environ 46 %) |
Que
se passe t-il à 20 m ?
Donc ppO2 = 0,91 + 0,21 = 1,12 (à 3 bars on a donc un mélange de 1,12 ÷ 3 = 0,373 soit environ 37 %) |
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Que
se passe t-il à 30 m ?
Donc ppO2 = 1,12 + 0,21 = 1,33 (à 3 bars on a donc un mélange de 1,33 ÷ 4 = 0,332 soit environ 33 %) |
Que
se passe t-il à 40 m ?
Donc ppO2 = 1,33 + 0,21 = 1,54 (à 5 bars on a donc un mélange de 1,54 ÷ 5 = 0,308 soit environ 31 %) |
Cette suite répétitive de chiffres peut être représentée par un schéma indiquant l’évolution de la ppO2 en fonction de la profondeur : Cette illustration montre que la pression partielle augmente continuellement et qu’à partir de 40 m, le plongeur est potentiellement en risque hyperoxique (nous faisons ici abstraction de la consommation d’oxygène par le métabolisme qui diminue quelque peu ces valeurs). Il est donc indispensable de vérifier que le setpoint est positionné à la bonne valeur avant la plongée. Il existe des manoeuvres qui permettent de limiter cette augmentation de ppO2, ne serait-ce qu’en effectuant à la profondeur appropriée un rinçage du système avec le diluant air pour diminuer la ppO2. exemple : rinçage à 40 m, ppO2 = 5 x 0,21 = 1,05. |
Bien que ce genre d’appareils séduise par son fonctionnement "tout automatique", il n’en est pas moins indispensable de suivre une formation adaptée. Des précisions
sur l’azote et la ppN2 :
Cela signifie que si l’on souhaite conserver toute sa lucidité en profondeur pour analyser toute alarme éventuelle et effectuer le bon geste en situation de stress, on envisagera rapidement l’emploi de mélange comme le Trimix. D’autant plus qu’en recyclant, son utilisation devient vraiment peu onéreuse. |
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décompression
dans le cas où le diluant est de l’air :
Cela revient à plonger avec un Nitrox dont la teneur
en oxygène varie régulièrement...Il est donc nécessaire
de disposer d’un moyen de décompression adapté à
cette technologie. des tables à ppO2 constante (US Navy, Annexe 2). Comme pour les plongées d’exploration à l’air, on privilégiera, par commodité, l’emploi d’un ordinateur. des ordinateurs Nitrox que l’on peut paramétrer
avec la valeur du mélange fond. des ordinateurs fonctionnant à ppO2 constante comme le Nexus de la société AP VALVES ou le récent VR2 de la société Delta P Technology. Ils permettent une utilisation en mode circuit ouvert ou circuit fermé. Il sont cependant " limités " à une utilisation air ou Nitrox. |
VR2 - www.vr3.co.uk www.ambiantpressurediving.com |
Exemple : comparaison d’un profil de décompression d’une plongée à 38 mètres pendant 25 minutes avec un logiciel de décompression. Nous envisageons ici 3 scénarios :
Autrement dit, ce matériel permet d’envisager de nouveaux profils de plongées : des explorations plus longues que des plongées effectuées en circuit ouvert pour un même temps de paliers, des explorations de durées identiques mais avec un temps de palier moindre... décompression dans le cas où le diluant est un Trimix On utilise alors les moyens " classiques "
de décompression au Trimix : les tables : il n’y a pas de tables Trimix élaborées à ppO2 constante ! On peut choisir d’utiliser des tables comme celles de l’agence américaine IANTD mais cela reste pénalisant du point de vue de la décompression.
les logiciels de décompression prenant en compte cette pression partielle constante (Abyss, Proplanner, Dplan, GAP, Vplanner...) avec la prudence qu’impose cette approche. L’utilisateur ayant le libre choix des paramètres de conservatisme et le libre choix des gaz utilisés. A ce niveau, cela devient une affaire de spécialistes. Mais ne l’ignorons pas, dans la pratique, les personnes initiées utilisent ces logiciels.
un ordinateur multi gaz
prenant en compte la ppO2 constante ! Exemple : le VR3
de Delta P Technology.
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Exemple du seul recycleur à gestion électronique actuellement commercialisé : Un seul modèle bénéficie de la norme CE pour une utilisation avec un diluant air à 50 m et un diluant Héliox à 100 m.
Principales caractéristiques : Il est fabriqué et commercialisé depuis 1998 par la société anglaise Ambient Pressure Diving : c’est L’Inspiration (anciennement dénommé Buddy Inspiration). Il ne peut être commandé qu’après avoir suivi une formation reconnue par la société. A ce jour les principales agences de formation proposent un cursus pour l’Inspiration : TDI, IANTD, IART... Le nombre d’unités vendues est une information jugée confidentielle par le constructeur et n’est donc pas communiquée. Le délai de livraison est de l’ordre de 14 semaines.
Une version " grand public " est au stade de prototype. Il s’agit de l’Evolution. Il est doté de 2 bouteilles de 2 litres et d’un gilet de stabilisation classique. on voit les consoles et les manomètres de diluant et d'oxygène
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Le recycleur de type Circuit Semi-Fermé: Certains recycleurs ne fabriquent pas dynamiquement le mélange mais recyclent un gaz préfabriqué. Il s’agit très souvent d’un Nitrox mais rien n’empêche l’utilisation d’un Trimix. Dans le cas d’une utilisation multi gaz, il est nécessaire d’embarquer autant de bouteilles que de mélanges à recycler. Nous sommes dans ce cas, proche d’une configuration circuit ouvert. Ce qui, du point de vue de l’encombrement en réduit l’intérêt. La technique mise en oeuvre est mécanique, ce qui constitue souvent un gage de simplicité et de fiabilité. Ces recycleurs se distinguent par les techniques avec lesquelles ils injectent le gaz dans la boucle respiratoire. On les classe habituellement en deux catégories : Les
systèmes actifs : l’injection par débit massique
constant ou " constant mass flow "
Cette technique consiste à ajouter à un débit constant la même masse d’un mélange donné dans la boucle respiratoire. Autrement dit, cela revient à y injecter un nombre constant de molécules et ce, quelle que soit la profondeur d’ évolution. L’autonomie dépend uniquement de la quantité de gaz embarqué et du débit de l’injecteur. L’injection est définie en fonction du mélange utilisé : plus il est riche en O2, plus le débit est faible (en litre par minute) et inversement. Ceci dans le but de toujours fournir suffisamment d’oxygène à l’organisme du plongeur. L’injection par débit massique constant peut se réaliser de différentes manières :
Une méthode consiste à
utiliser des buses spécifiques (gicleurs) dont le diamètre
est prévu pour laisser passer la quantité de gaz adéquate
en fonction du mélange utilisé.
Pour que le débit soit constant, il est nécessaire que la pression en entrée de la buse soit 2 fois supérieure à celle de la pression ambiante. Contrairement à un détendeur classique, la moyenne pression est fixe. Si la pression en amont chute, le débit diminue et devient insuffisant pour acheminer la quantité nécessaire de gaz au plongeur. C’est l’hypoxie à court terme. L’orifice de la buse est le talon d’Achille
de ce système. Il est si petit (moins de 0,2 mm) qu’il peut être
facilement obstrué par le moindre débris, dépôt
de sel, de calcaire... Une vérification du débit avant
chaque plongée est recommandée (ainsi qu’une vérification
périodique de la moyenne pression du détendeur). Les informations suivantes sont fournies par Dräger (modèle Ray) pour vérifier le débit et ce, en fonction de la pression dans la bouteille de mélange utilisée. Si la valeur lue avec le débitmètre n’est pas dans la fourchette de valeur indiquée, il faut identifier et résoudre le problème avant toute plongée. Les buses fonctionnent avec un gaz qui est caractérisé par une densité spécifique. Le constructeur précise toujours les gaz qui doivent être utilisés à l’exclusion de tout autre (Nitrox dans le cas des Dräger et oxygène pur en option). Attention donc aux bricoleurs qui pensent déjà pouvoir remplacer le Nitrox par d’autres gaz... |
Le pourcentage d’oxygène est connu
puisqu’il s’agit d’un gaz préfabriqué et qui a été
normalement vérifié avant la plongée. L’hyperoxie
ne peut donc survenir qu’en cas de dépassement accidentel de la
profondeur plancher. On gaspille moins qu’en circuit ouvert mais on gaspille un peu quand même !
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Les détails techniques :
Puisque le gaz qui alimente le système est connu (Nitrox), la fraction d’oxygène inspirée par le plongeur ne peut varier qu’en fonction d’un seul paramètre : la consommation d’oxygène par le métabolisme du plongeur. Rappelons que cette valeur varie uniquement en fonction des efforts réalisés. Les données ci-dessous sont issues de tests menés en laboratoire à l’aide d’une bicyclette ergométrique : Consommation d’oxygène d’un individu:
(source : " Decompression
Sickness" A. Bühlmann)
Il nous faut connaître la véritable valeur de la fraction d’oxygène dans la boucle. Cela nous permet de calculer la fraction du gaz inerte respiré et donc de déterminer notre procédure décompression.
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Calcul de la fraction inspirée d’oxygène (FiO2) : Sans nous transformer en mathématicien, les équations qui suivent sont couramment partagées par la communauté " tek " et reposent sur le postulat que, à un instant donné, il y a équilibre entre la quantité de gaz qui entre dans le recycleur et la quantité qui en ressort. Les formules qui suivent n’ont d’autre intérêt que de mettre en lumière les résultats obtenus. Avant de les exposer, il est nécessaire de définir quelques paramètres : FO2 : la fraction
du mélange fourni Pour un Dräger Dolphin qui utilise un Nitrox 32, le débit prédéfini est de 15,5 L/min. Puisque à un instant donné, on considère qu’il y a équilibre entre ce qui rentre et ce qui sort du recycleur : Ce qui rentre = ce qui sort : V x FO2 = FiO2 x (V-VO2) + VO2 |
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Exemple 1 : Mr MOYEN utilise un recycleur de type Dolphin avec un Nitrox 32. Il est en forme, n’a pas prévu d’efforts importants et sa consommation d’O2 estimée est de 1,5 L/min. La formule nous donne :
Soit 25 % d’O2 qui sont à comparer aux 32% contenu dans la bouteille ! |
Exemple 2 : Si les conditions du milieu viennent à se dégrader (un courant par exemple) et que Mr MOYEN ait à réaliser des efforts (consommation de 3 L/min), que devient la nouvelle fraction d’oxygène ? La formule nous donne Soit 16% d’O2 qui sont toujours à comparer aux 32% de la bouteille ! |
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Ce calcul met en évidence une perte
importante en pourcentage d’O2. Elle est générée
par la conception même de ce type d’appareil. |
Exemple 3 : Mr ETOURDI remplit par erreur sa bouteille de Nitrox avec de l’air. Il ne la contrôle pas non plus, seconde erreur ! On obtient : C’est théoriquement l’hypoxie ! |
Dans la pratique, on utilisera les tableaux de conversion fournis par les constructeurs : (Dräger Dolphin) Remarques pour tous les appareils à débit massique constant :
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Ci
contre, une illustration par des modèles du marché qui fonctionnent
selon la technique du débit massique constant : |
photo M. Makar |
Données Dräger quant au débit à vérifier en fonction des gaz utilisés
Même en effort intense et à
condition que les buses adéquates soient montées, l’hypoxie
est évitée. Sur ce modèle, un détendeur de secours est connecté directement au détendeur du recycleur alors que le Dolphin propose une bouteille de secours complémentaire. On peut utiliser un Nitrox 50, 40 ou 32 mais, à la différence du Dolphin, il faut changer l’ensemble du dispositif d’injection, ce qui à une incidence sur son prix. |
Avec
un mélange Nitrox 50, l’injecteur du Ray est calibré à
8,25 L/min et permet de plonger jusqu’à 22m pendant environ 90’
(en fait la capacité de la cartouche de chaux limite la plongée
à environ 70’). La commercialisation de ces matériels est aujourd’hui assurée par le réseau commercial de la société Aqualung.
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Un autre produit du marché est à signaler car il met en oeuvre de manière différente l’injection par débit massique constant : OMG, fabricant Italien, a mis au point un recycleur semi fermé qui comporte quelques différences par rapport aux modèles précédents : la technique consiste à utiliser une seule buse d’injection réglable par l’utilisateur. OMG emploie un premier étage traditionnel avec la possibilité de faire varier soi même la moyenne pression. Avant chaque plongée, le plongeur effectue le réglage du débit (avec le débitmètre fourni) en fonction du mélange utilisé. Par ailleurs, ce recycleur est muni de 2 bouteilles, laissant donc la possibilité d’utiliser une bouteille comme secours ou d’utiliser 2 mélanges différents en plongée. Les détendeurs sont des classiques du marché, ce qui est très pratique pour se procurer rapidement des pièces de rechange. Au contraire des Dräger, il n’est pas équipé d’une injection automatique de gaz dans les faux poumons à la descente. Il faut donc en ajouter régulièrement à l’aide d’un dispositif manuel. Ce qui pourrait être perçu comme un inconvénient permet en fait de " ressentir " avec précision son matériel et de faire corps avec le recycleur. La distribution de ce matériel est assurée par la société italienne San O Sub. Cette injection réglable permet également de bénéficier de diamètres internes plus importants et d’éviter ainsi les problèmes spécifiques aux buses d’injection. Ces matériels ne proposent pas en standard de moyen permettant de surveiller sa ppO2. Il est donc obligatoire à la fois pour des raisons de sécurité et de législation (arrêté d’août 2000) d’équiper le recycleur d’un dispositif complémentaire comme l’oxyjauge. Elle permet de connaître à tout instant la valeur de ppO2 du gaz respiré. Dräger fournit en option pour ses matériels un " oxykit " incluant le faux poumon inspiratoire, le système de connexion et l’oxyjauge. |
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Les systèmes passifs (dits également proportionnels) ou l’injection "à la demande " ou " passive flow scr ":
Les principaux défauts des recycleurs à débit massique constant sont le manque d’autonomie (comparés aux autres recycleurs) et le fait qu’ils génèrent un écart important entre la ppO2 présente dans la boucle respiratoire (FiO2) et celle du Nitrox embarqué (FsO2). Cet écart est généré par la consommation d’oxygène du plongeur, elle même proportionnelle aux efforts réalisés. Pour remédier à ces inconvénients, une technique consiste à injecter et évacuer le mélange de la boucle à un rythme calqué sur celui de la respiration. Celle ci étant en phase avec les efforts réalisés. On élimine donc au rythme de la ventilation le dioxyde de carbone produit par le métabolisme.
On dénomme ces systèmes passifs car l’ajout de gaz n’est pas automatique. Il est déclenché de manière mécanique par la ventilation. Ces recycleurs fournissent en quelque sorte du gaz frais à la demande. Ce type de matériel offre un avantage important comparé au recycleur semi fermé de type actif : il est moins sujet à générer une hypoxie. La moindre défaillance du système demandera au plongeur des inspirations rapprochées qui seront rapidement détectées. Un peu à la manière d’un plongeur en circuit ouvert qui tombe en panne d’air, il s’en rend compte assez rapidement. |
Avec ce type d’appareil, une quantité de gaz proportionnelle au volume respiratoire est injectée dans la boucle à chaque ventilation : on ne renouvelle qu’une quantité du gaz présent dans la boucle. Un avantage de cette conception apparaît immédiatement : celui de l’autonomie. De plus, la quantité de gaz renouvelée reste constante quelle que soit la profondeur. Sa valeur correspond au rapport entre le volume renouvelé divisé par le volume total des faux poumons. La valeur de ce rapport est décidée par les constructeurs. Il est appelé le taux de renouvellement (le " constant volume ratio" chez les anglo-saxons). Plus le taux de renouvellement est élevé, plus la ppO2 dans la boucle est stable. Ces mêmes constructeurs doivent faire un choix, lorsqu’ils établissent ce ratio, entre la stabilité de la ppO2 dans la boucle et l’autonomie souhaitée. Exemple : avec un taux de renouvellement de 25 %, lorsque le plongeur respire en surface avec un débit de 20 L/min, le système injecte 5 L/min de gaz frais et élimine 5 L/min de gaz vicié. A une profondeur de 30 m (4 bars), le système injecte la même proportion (¼) soit 20 L/min (puisque le plongeur respire maintenant 4 x 20 L/min, soit 80 L/min). Or, en conservant le même ratio, la quantité de molécules d’oxygène fournie en profondeur au plongeur est inévitablement beaucoup plus importante. Ce type de recycleur perd donc un peu de sa performance (autonomie) en profondeur. Nous retrouvons cette technique dans le recycleur militaire D.C.55, lui même issu du prototype D.C.52 du nom de son inventeur le pharmacien chimiste du GERS DUFAU CASANABE. C’est la technique actuellement utilisée par les recycleurs Halcyon RB 80. Le nombre 80 est en référence à la taille compacte de l’appareil (80 cubic feet correspondent environ à un bloc de 10 litres). Le fonctionnement est basé sur l’astucieuse interaction entre deux faux poumons concentriques présentés sous forme de deux soufflets : un interne et un externe. Le principe est complètement mécanique. |
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principe du DC55
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A l’expiration : Lorsque le plongeur expire, le gaz remplit le faux poumon extérieur et le faux poumon intérieur (via la soupape de transfert). L’ensemble augmente donc de volume mais aucun gaz n’est évacué. Rappelons que, comme souvent avec les recycleurs, la technique du poumon ballast, chère aux plongeurs en circuit ouvert, est purement et simplement supprimée.
A l’inspiration : Le contenu du faux poumon extérieur est acheminé par le filtre épurateur et les tuyaux annelés jusqu’aux poumons du plongeur. Le faux poumon extérieur diminue donc de volume, et entraîne avec lui le faux poumon intérieur (ETAPE 1). La soupape de transfert du faux poumon intérieur est fermée. Avec la diminution de volume du faux poumon intérieur, la pression interne augmente et le gaz contenu dans le faux poumon intérieur est évacué par la soupape de fuite (on remarque que le gaz évacué n’a pas été filtré, économisant ainsi l’absorbant de CO2). Lorsqu’il atteint son volume minimum (ETAPE 2), le faux poumon intérieur actionne un levier qui déclenche l’ajout de gaz frais dans le faux poumon. La diminution du volume de gaz contenu dans la boucle provoque l’admission de mélange frais et par conséquence, l’admission d’une certaine quantité d’oxygène. Le volume de mélange admis est proportionnel à la pression ambiante. Autrement dit, plus la profondeur est importante, plus grande sera la masse d’oxygène délivrée au plongeur lors de chaque cycle respiratoire. En résumé, la variation de la fraction d’oxygène dans la boucle est proportionnelle à la profondeur. L’ajout de gaz finit avec la phase inspiratoire, ainsi l’Halcyon n’a remplacé que le volume de gaz évacué, maintenant la ppO2 dans la boucle à une valeur stable. Le système, calqué sur le cycle respiratoire, est donc directement impacté par le rythme et l’amplitude de la respiration du plongeur. L’autonomie est, selon Halcyon, améliorée dans un rapport de 1 à 8 en comparaison avec un circuit ouvert. A l’opposé d’une injection en continu, l’injection à la demande réduit de manière significative l’écart en FiO2 et FsO2. Avec ces recycleurs, une fraction du volume du gaz respiré est rejetée dans l’eau lors de chaque cycle respiratoire. La formule permettant de définir
la ppO2 fait intervenir de nouveaux paramètres.
Ainsi, pour un même plongeur et pour un mélange donné, le graphique ci-dessus montre que plus le taux de renouvellement est élevé, plus l’écart entre la fraction d’oxygène respiré (FiO2) et celle du mélange embarqué (FsO2) est faible. La profondeur a également un impact sur le fonctionnement de ces appareils. Le graphique, page suivante, montre que la variation d’oxygène est la plus forte à faible profondeur. Incidences sur la décompression avec les recycleurs semi fermés : Il est impératif de connaître le mode de fonctionnement de l’appareil utilisé, d’où l’importance de suivre une formation spécifique à son recycleur. Dans tous les cas, avec les recycleurs semi fermés, il ne faut pas baser sa procédure de décompression sur le mélange embarqué mais sur le pourcentage de gaz inerte du mélange respiré. Dans la pratique, il sera déduit des tables de conversion fournies par les constructeurs. Dräger conseille de prendre en compte une consommation de 2,5 litres par minute d’oxygène. Ce chiffre est souvent arrondi à 3 litres par minute par la plupart des agences " TEK " internationales. Cette donnée en poche (FiO2), il ne vous reste plus qu’à utiliser les moyens de décompression les plus appropriés : tables, ordinateurs ou logiciels de décompression (voir précédent chapitre sur ce thème). Concernant l’exposition à l’oxygène et les risques associés, c’est la FsO2 qui sera choisie. Comme elle est toujours supérieure à la FiO2, cette recommandation se veut donc conservatrice. |
www.portup.com/~dfount/rbspecs.htm#scr
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L’utilisation d’un recycleur
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La plongée en recycleur procure des plaisirs uniques. L’impression que l’on a de se fondre complètement dans le milieu aquatique y est sûrement pour beaucoup. Tenter d’expliquer une sensation est une tâche délicate. Nous pourrions évoquer, par analogie, le ski et le surf. Ce sont deux techniques qui utilisent le même élément. Elles procurent cependant à leur utilisateur des sensations très différentes. Actuellement, il faut reconnaître que l’on ne vient pas à ce mode de plongée par hasard. Il s’agit la plupart du temps d’une démarche réfléchie, en rapport avec les investissements techniques et financiers demandés. D’une manière générale, ce sont les plongeurs expérimentés à la recherche de nouvelles sensations ou d’un nouveau " rayon d’action " qui franchissent le pas. Et pourtant, l’expérience acquise en circuit ouvert n’est pas ou très peu applicable au recycleur : tout est à réapprendre ! Nous pourrions même imaginer que débuter la plongée avec un recycleur est une situation moins perturbante pour le débutant qu’avec un circuit ouvert : pas de poumon ballast à gérer, respiration d’un gaz sécuritaire,... Le parcours qui mène à un investissement est souvent le même : choisir, essayer, acheter, se former, pratiquer. Les principaux risques :
L’utilisation de ces matériels présente certains risques pour les plongeurs " Air " habitués aux circuits ouverts :
Hypercapnie
ou le risque CO2 : Hyperoxie et Hypoxie : les risques liés à l’oxygène : On retrouve la mise en application des découvertes de Paul Bert et Lorrain Smith. Rappelons que notre organisme est prévu pour fonctionner en normoxie (ppO2 = 0,21), en deçà de cette valeur, nous tendons vers l’hypoxie et au delà, vers l’hyperoxie. Contrairement à l’hypercapnie, ces risques sont nouveaux pour les plongeurs " Air " et d’autant plus dangereux que dame nature ne nous a doté d’aucun capteur permettant de les détecter. En cas d’hypoxie, c’est la perte de connaissance assurée sans signe précurseur avec ses conséquences sous l’eau. Concernant l’hyperoxie, ce n’est pas beaucoup mieux. La littérature existante décrit et détaille la crise hyperoxique mais étant donné le peu de certitude concernant les signes annonciateurs que nous pourrions identifier sous l’eau, la première règle à appliquer sera la prévention. De plus, chacun d’entre nous bénéficie de sa propre tolérance vis à vis de l’oxygène. Ces risques sont communs à l’ensemble des recycleurs. Les prévenir consiste à en avoir conscience et à prévoir l’imprévisible par la mise en place d’une procédure de secours. Par exemple, et pour éviter la respiration d’eau en cas d’inconscience, les militaires utilisent depuis longtemps une sangle de maintien ainsi qu’un protège lèvres. Certains utilisateurs amateurs s’inspirent de cette pratique. Rappelons que l’arrêté mélange de septembre 2000 prévoit dans l’article 12 la mise en place d’un appareil permettant de renseigner le plongeur lorsque la ppO2 n’est pas comprise entre 0,17 bar et 1,6 bar. L’autonomie étant un des grands avantages de ces matériels, il conviendra de rester dans les limites d’exposition à l’oxygène précisées par les organismes spécialisés comme le " National Oceanic and Atmospheric Administration". |
SYNTHESE RECYCLEURS SEMI FERMES
Table NOAA
Le risque Infectieux
A partir du moment ou l’on considère le recycleur comme un " prolongement mécanique " de l’appareil respiratoire, le partage du même appareil par plusieurs utilisateurs ne doit s’envisager qu’après une désinfection complète et systématique de la boucle respiratoire. Cette désinfection se réalise à l’aide de produits appropriés. Elle demande de la minutie et un peu de patience. |
Choisir son recycleur : En circuit ouvert, le matériel est aujourd’hui banalisé et comble largement les attentes des plongeurs dans les limites de la plongée sportive à l’air. Cette population de plongeurs constitue le plus grand nombre d’entre nous. Tant et si bien que lorsque l’on parle d’investissements en matière de scaphandre autonome, les choix se résument souvent à un bloc de 12 ou 15 litres, un détendeur compensé ou non... Il en est autrement avec les recycleurs. Aucun recycleur ne fonctionne à l’air. Ils utilisent des gaz qui sont soit des Nitrox, soit des Trimix, soit des Héliox,... soit les trois ! Les explorations seront donc limitées au gaz utilisés par tel ou tel recycleur. Donc, et sous peine de décevoir rapidement son acquéreur, l’utilisation d’un recycleur doit répondre à un besoin clairement exprimé. L’autonomie procurée par ces appareils est souvent un argument de poids. Le plongeur qui est satisfait des possibilités d’exploration offertes par le traditionnel 15 litres ne sera que peu intéressé par ce critère. De la même manière, le plongeur insensible aux arguments sécuritaires de la plongée aux mélanges (Nitrox ou Trimix) se montrera méfiant vis à vis de cette machine qui semble complexe et qui demande de surcroît une rigueur d’utilisation importante. A l’inverse, les photographes ou cinéastes à la recherche de discrétion seront attirés par ces matériels qui leur proposent de nouvelles possibilités en terme d’approche des " sujets ". Les plongeurs techniques profonds et les plongeurs spéléo à la recherche d’autonomie utilisent depuis longtemps ces matériels et ils constituent souvent les principaux acquéreurs Beaucoup évoquent le recycleur comme étant le produit d’avenir de la plongée sportive. C’est peut être vrai, mais nous n’en sommes pas encore là. Le recycleur devra encore évoluer en simplicité, et surtout en coût avant de remplacer notre bouteille et notre détendeur ! Aujourd’hui, il se positionne de manière confidentielle en parallèle du marché traditionnel et s’adresse par conséquence à un nombre plus limité de personne. Revenons donc sur les principaux types de recycleurs et les utilisations qu’ils permettent. Le circuit fermé à
oxygène pur : Le circuit fermé
au mélange : Le circuit semi fermé
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Où acheter un
recycleur ?
Et la plongée souterraine ? A ce jour aucun recycleur du commerce ne propose la redondance chère aux plongeurs spéléo. On assiste donc à des fabrications personnelles qui laissent souvent admiratif devant l’ingéniosité et le travail accompli pour répondre au cahier des charges fixé par leur propre utilisateur (exemples : RI 2000, Joker V,...). |
La formation disponible : nombreuse mais très similaire
Comparaison des différentes formations enseignées en France Le tableau de synthèse qui figure page suivante recense les principales formations existantes. La plupart sont disponibles en France. Pour simplifier, seules les qualifications plongeurs sont indiquées. Les qualifications moniteurs sont souvent basées sur l’association de la qualification plongeur et du diplôme moniteur sous réserve que le moniteur fasse preuve d’une réelle expérience avec le recycleur en question. Cette expérience est quantifiée en heures d’immersion. Les contenus détaillés de ces formation on été traduits de l’anglais pour la plupart et figurent en Annexe 4. L’objectif de cette traduction est de fournir des éléments et des bases de réflexions communes au groupe de travail " recycleur ", récemment constitué par la C.T.N. |
Synthèse des principales formations enseignées
Filière Plongeur
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Réflexions sur une qualification recycleur F.F.E.S.S.M. Dans ce contexte, quel peut être le rôle de notre fédération ? L’utilisation de nouveaux matériels s’inscrit dans la démarche de promotion de l’activité sous marine. Il faut donc, en toute logique, favoriser l’utilisation des recycleurs en proposant à nos licenciés un apprentissage en phase avec notre démarche pédagogique et en cohérence avec l’ensemble des niveaux et qualifications existantes (notamment celles concernant les mélanges). A quelles situations sommes-nous confrontés dès aujourd’hui en France ?. |
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Remarque: La qualification recycleur dans le cursus fédéral :
une formation commune à l’ensemble
des recycleurs se doit d’être constituée des points communs
à l’ensemble des recycleurs. (*) nécessité de modifier l’arrêté mélange pour ouvrir l’accès des recycleurs aux niveaux 2 |
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repréciser la notion de palanquée en fonction
de la gestion des risques encourus par chacun des équipiers.
Un mot sur l’association d’une qualification " plongeur recycleur " et d’un diplôme de moniteur. Contrairement aux qualifications gaz, il est difficilement concevable d’imaginer que cette association induit automatiquement la délivrance d’une qualification " moniteur recycleur ". Puisque en recycleur, il est nécessaire de reconstruire tous ses acquis, il est impératif de justifier d’une réelle expérience pratique avant d’être autorisé à enseigner.
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Abréviations : CCR " Closed Circuit Rebreather " Recycleur à circuit fermé SCR " Semi Closed Rebreather " Recycleur à circuit semi fermé OC " Open Circuit " Circuit ouvert
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Incidences de
la mise en place d’une qualification fédérale La mise en place de cette qualification
ne peut se faire sans impact sur le cursus fédéral. L’objet
de ce paragraphe n’est pas de répondre à toutes les questions
qui se posent mais plutôt de pointer du doigt les incidences pour
le plongeur, le directeur de plongée et le moniteur. Pour le moniteur
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Pour le plongeur : |
Pour le directeur
de plongée : Exemple :
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La réglementation en vigueur : Deux arrêtés légifèrent l’activité de la plongée de loisir en France :
C’est dans ce dernier arrêté que l’on trouve directement énoncé la notion de recycleur : Remarques :
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La plongée en structure : La mixité circuit ouvert et recycleur sur un bateau de plongée soulève un certain nombre de questions auxquelles le directeur de plongée doit être à même de répondre. Dans un premier temps il s’agit de s’assurer du respect de la réglementation en vigueur : niveaux des plongeurs, utilisation des gaz en conformité avec les qualifications demandées par l’arrêté mélange,... bref, le quotidien. Au delà de la réglementation spécifique, le bon sens doit prévaloir, notamment pour l’organisation sur le bateau et la constitution des palanquées. On respectera donc une certaine homogénéité basée sur les types de recycleurs et les gaz utilisés. Propositions : regrouper les plongeurs équipés de recycleurs sur le bateau Un point fondamental distingue l’utilisation d’un recycleur de celle d’un circuit ouvert : l’attention que l’on doit apporter à son matériel. En effet, en circuit ouvert, une fois la bouteille gréée et la quantité d’air vérifiée, le plongeur est prêt à s’immerger sans délai. En recycleur, il en est tout autrement : " l’avant " et " l’après " plongée sont des instants où l’utilisateur effectue un certain nombre d’opérations primordiales et spécifiques à son matériel. Avant la plongée : Admettons que les pressions en gaz ont été contrôlées ainsi que la durée d’utilisation de l’absorbant de CO2. Les vérifications portent alors sur : la bonne étanchéité du système que l’on confirme par des tests de mises sous pression ou dépression de l’ensemble de la boucle respiratoire, la vérification du bon fonctionnement des soupapes anti-retour de l’embout et le suivi à la lettre de la check-list des consoles des appareils à gestion électronique (calibrage des sondes oxygène en fonction de la pression atmosphérique, vérification des setpoints, ...). Toutes ces procédures nécessitent un minimum d’isolement de concentration généralement peu compatibles avec l’excitation qui caractérise l’avant plongée. Ne soyons pas donc surpris de voir le plongeur en recycleur affairé et donc peu enclin à répondre à toutes les questions que ne manqueront pas de lui poser ses compagnons de plongée. Il partagera avec plaisir la connaissance de son matériel à l’issue de l’exploration ! Après la plongée ou plus couramment après la journée de plongée, l’utilisateur apportera un soin plus important à l’entretien de son matériel que ce qui est couramment constaté avec les circuits ouverts. La matériel sera abondamment rincé voire désinfecté si il y a partage du matériel par plusieurs utilisateurs (embout et faux poumons). La chaux sodée sera remplacée en fonction de sa durée d’utilisation et les " pleins " en gaz refaits En synthèse : l’utilisation d’un recycleur demande de la minutie et de la rigueur. Organiser
les palanquées en fonction des gaz utilisés. Privilégier
l’homogénéité des matériels. En dernier recours, mixer les palanquées circuit ouvert et recycleur sous réserve que les équipiers puissent se porter mutuellement assistance. Cela implique que le plongeur en recycleur dispose d’un " bailout " suffisant pour assister le plongeur en circuit ouvert. Inversement, le plongeur en circuit ouvert devra avoir connaissance des accidents spécifiques à l’utilisation des recycleurs. |
CONCLUSION Il ne serait pas honnête de parler d’invasion concernant les recycleurs. D’un autre côté, et au vu de l’intérêt actuel pour certains d’entre eux, nous ne pouvons pas les ignorer. La lecture de la première partie de ce mémoire a permis de faire connaissance avec les différentes techniques mises en oeuvre dans les recycleurs modernes. La seconde, montre, avec les chapitres utilisation et formation que le choix d’un recycleur conditionne les possibilités d’explorations de son utilisateur. La technique est connue et maîtrisée depuis longtemps par les constructeurs. Le frein au développement de ces matériels est aujourd’hui financier. Aussi, et pour peu que les fabricants parviennent à améliorer cette situation, nous pouvons leur prédire un bel avenir. Dès aujourd’hui, la F.F.E.S.S.M. a les cartes en mains pour s’inscrire dans ce schéma et soutenir leur développement. En cela, le rôle de nos cadres techniques est essentiel. Nous devons donc être attentifs aux évolutions techniques de ces matériels. Mais pour nous en faire une opinion concrète et en parler en connaissance de cause, la meilleure solution consiste à tenter l’aventure. Aussi, je vous souhaite... ...d’excellentes plongées sans bulle. |
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Références Internet
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Annexe
n°1 : Consommation d'oxygène en fonction des efforts
(source U.S. Navy) Annexe n°5 : lexique Anglais/Français
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